LE RENDEZ-VOUS DE VENUS :
Dossier de presse

  • Livre Hebdo, 25 juin 1999
  • Le Monde (Philippe-Jean Catinchi), vendredi 29 octobre 1999
  • L'Express (Sylvie O’dy), 16 septembre 1999
  • Le Nouvel Observateur (Gérard Badou), 25 novembre 1999.
  • Dernières Nouvelles d’Alsace(François Busnel), 26 novembre 1999
  • Le Grand Livre du Mois(éditorial de Éric Frerejean), octobre 1999
  • Revue des deux Mondes (Jean Orizet), janvier 2000.
  • L'Est Républicain(Michel Wagner), 28 octobre 1999
  • Ciel et Espace (Nathalie Bucsek), septembre 1999
  • Science & Vie (Hélène Guillemot), avril 2000
  • La Recherche (Jacques Olivier Baruch), novembre 1999
  • Eurêka (Irène Bérélowitch), septembre 1999
  • Ciné Télé Revue (Belgique), 30 décembre 1999
  • L’Écho (Belgique), 7 décembre 1999
  • Cahiers Clairaut (Olivier Courcelle)

    Ces merveilleux fous navigants avec leurs drôles de lorgnettes

    Livre Hebdo, 25 juin 1999

     

    La saga des astronomes du XVIIIe siècle, prêts à sacrifier leur vie pour contempler une éclipse de soleil et faire avancer les Lumières. Un premier roman alerte et érudit, écrit par un astrophysicien.

    Méfions-nous des premiers romans. Méfions-nous doublement des premiers romans historiques. Pourtant, en voilà un qui en a sous la couverture. Peut-être inscrira-t-on, l’hiver venu, le nom de Jean-Pierre Luminet à côté des quelques noms qui ont suffi, cette année, à redorer le blason, décidément discret, de la maison Lattès. Cette année, Lattès mise sur Le rendez-vous de Vénus , un premier roman de Jean-Pierre Luminet.

    Plus qu'un roman historique, genre qui, quoi qu'on en dise, ne fait, hors prix d'automne ou vieux routiers, plus vraiment recette, à l'inverse, paradoxalement, des films en costume, Jean-Pierre Luminet a voulu écrire un roman dans l’histoire. Astrophysicien à l'observatoire de Meudon, cosmologue de réputation mondiale, auteur des Trous noirs (Le Seuil, 1992), qui fut traduit jusqu'en Chine, poète également, il s'est ici attaché à la véritable épopée menée, à la fin du XVIIIe siècle, par ses prédécesseurs pour mesurer la distance de la Terre à la Lune, établir des cartes précises d’un certain nombre de côtes et d’îles du globe, faire triompher partout l’esprit scientifique des Lumières, contre l'obscurantisme, qu’incarnait alors, dans une large mesure, l'Église. Même si nombre de chercheurs étaient eux-mêmes des religieux, en général il est vrai francs-maçons. Cette saga est racontée dans un style alerte et vivant, avec toutes les élégances de l'époque, sous la plume de son héros, Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande (1732 - 1807), un astronome hors pair, mathématicien prodige qui, le premier, mesura précisément la parallaxe de la Lune en 1751.

    Au fil des pages, on suit sa fulgurante ascension, et les pérégrinations de ses camarades. Car ce livre est aussi un récit d’aventures et de voyages. Si Lalande, lui, coordinateur et greffier de l'entreprise, ne voyagea guère, il n'en est pas de même de ses pairs, qui n'hésitèrent pas à se sacrifier sur l'autel de la connaissance. Comme l'abbé Chappe, ancêtre du découvreur du télégraphe, tué par les fièvres en Californie, Guillaume Le Gentil, qui brûla dix ans de sa vie dans les îles de l'océan Indien dans l'espoir d'y effectuer des mesures rigoureuses. Après trois ans d’attente, le malheureux ne put atteindre Pondichéry, pour cause de guerre avec les Anglais. Sept ans plus tard, une nouvelle tentative se solde par un échec pour cause de tempête de sable. Enfin lorsqu'il parvient à regagner la France, c’est pour apprendre qu'on le croit mort, qu'on l'a rayé de l’Académie, et que des cousins peu scrupuleux ont tenté de le spolier de son héritage ! Pionniers toujours, martyrs parfois, ils furent innombrables, animés par une folle passion : faire avancer le progrès scientifique, comme Copernic, Galilée ou Newton en leur temps.

    Au passage il est question dans ce livre de Diderot et d’Alembert, de Voltaire et Rousseau, de Julie de Lespinasse ou des favorites de Louis XV vieillissant, la Pompadour et la Du Barry, protectrices de ces aventuriers d’un genre nouveau. Autant de portraits savoureux.

    Grâce à Jean-Pierre Luminet , on s’instruit en ce distrayant, tant son récit est agréable, on court les mers et les continents, dans les conditions rudes de l'époque. On se scandalise de l'état des serfs en Russie, de celui des esclaves et des indiens au Nouveau Monde, de la sottise du roi de France qui abandonne lambeaux par lambeaux aux Anglais notre empire colonial. Ce premier roman de qualité, parrainé par André Balland, éditeur d'expérience s'il en est, constitue vraiment une réussite littéraire.

     

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    Sous l'empire de Vénus

    Philippe-Jean Catinchi, Le Monde, vendredi 29 octobre 1999.

     

    Amour, gloire et savoir : récit de la première aventure scientifique internationale

    Décidément, la science ne fait plus peur aux éditeurs.

    Présenté sans ambiguïté comme un roman, Le Rendez-vous de Vénus est à peine une fiction. L'astrophysicien Jean-Pierre Luminet, cosignataire du remarquable Figures du ciel qui a accompagné la récente exposition de la BNF (Seuil, 1998), a choisi de donner la parole à son lointain prédécesseur, l'astronome Joseph Jérôme le François de Lalande qui calcule la parallaxe lunaire - ce qui lui ouvre à 21 ans les portes de l'Académie des sciences (1753) - et améliore les tables de Halley, avant d'organiser la première aventure scientifique collective internationale afin d'établir les réelles dimensions de l'Univers. Le double passage de Vénus entre la Terre et le Soleil, à huit ans d’intervalle (1761/1769), doit permettre d'évaluer la distance entre notre astre et son étoile. Ce formidable défi est l'hypothèse romanesque idéale pour préciser les enjeux et les disputes du savoir scientifique des lumières.

    Lalande devient le grand ordonnateur d’une croisade inédite. Rival en amour de ses deux amis, Guillaume le Gentil et Jean-Baptiste Chappe, il les envoie à l'autre bout du monde pour se réserver les faveurs de Reine Lepaute, mathématicienne de génie, victime d'une misogynie qui la prive des premières loges. Luminet veille et corrige l'histoire : c'est elle qui est ici la véritable héroïne, réelle ou représentée par une fleur, cette rose du Japon, dont la servilité des savants sous Napoléon changera le nom premier de Pautia pour celui d’hortensia, révérence à la belle fille de l'empereur plus qu'à la racine latino-portugaise d’une île des Açores.

    Avec une vivacité et une invention qui rappellent la verve de Dumas, Luminet promène sans répit ni pitié ses mousquetaires du savoir, des contrées ténébreuses de la Sibérie de Catherine II à la Basse-Californie des missions tout juste arrachées aux Jésuites - le naïf et désarmant Chappe y accomplit sa destinée de pur martyr -, de Madagascar aux Philippines ou à Pondichéry, sans que la guigne abandonne Le Gentil, "conquistador pacifique" égaré sur un échiquier retors où les conflits politiques et commerciaux font échec à la science. Sans jamais accabler le lecteur par une documentation qui cautionnerait les évocations justes, Luminet sait être sobre, ne pose pas au styliste et obtient ainsi, presque par mégarde, l'élégance distraite et irrésistible du XVIIIe siècle. Avis aux éventuels imitateurs : le prochain rendez-vous de Vénus est fixé en juin 2004/2012.

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    Pour l'amour de vénus

    Sylvie O’dy, L'Express, 16 septembre 1999

     

    Les aventures des astronomes des Lumières par un astrophysicien d'aujourd'hui

    A cette époque les savants étaient de vrais aventuriers. Pour contempler les rencontres de Vénus et du Soleil, en 1761 et en 1769, ils affrontèrent mers déchaînées, boulets anglais, hiver russe ou typhus mexicain. Ce temps-là , celui du siècle des Lumières, générait des astronomes enivrés par les découvertes de Newton et les calculs de Halley, capables de communiquer leur fièvre à l’intelligentsia et aux salons. C'est l'histoire de trois d’entre eux, Lalande, Le Gentil, Chappe d’Auteroche, avec leurs passions d'astronomes, leurs désirs d'hommes, leurs enthousiasmes et leurs querelles de savants, que nous raconte Jean-Pierre Luminet. Cet astrophysicien, grand spécialiste des trous noirs, signe avec Le rendez-vous de Vénus (Jean-Claude Lattès) un premier roman dans la grande tradition des livres d'aventures, nourris par les écrits de ces hommes du XVIIIe siècle. Jean-Pierre Luminet confesse un amour absolu pour la littérature. Il a déjà publié un recueil de poèmes, ainsi qu'une anthologie sur Les Poètes et l’Univers, et rêve d’écrire un livret d’opéra. Les observatoires ne bruissent plus d’épopées. Les "savanturiers" n’existent plus. Luminet les fait revivre le temps d’un roman. Avec talent.

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    Une bonne plume

    Gérard Badou, Le Nouvel Observateur, 25 novembre 1999.

     

    Il fallait être savant et intrépide au siècle des Lumières pour risquer l'aventure au-delà des océans, afin d'observer ce phénomène astral exceptionnel : le Soleil éclipsé par Vénus, planète au nom de déesse. De singuliers humains que ces savants, imprudents, intrigants, amants aussi. Savant lui-même, le très contemporain Jean-Pierre Luminet inaugure avec ce roman un nouveau genre littéraire qui dépoussière l'histoire des sciences. Mieux qu'un coup de plumeau, une bonne plume !

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    A la poursuite des étoiles

    François Busnel, Dernières Nouvelles d’Alsace, 26 novembre 1999

     

    Quand l’histoire des sciences est racontée à la manière d’un grand roman populaire. Une belle réussite qui consacre un auteur et un genre.

    Le roman populaire a encore de beaux jours devant lui. Saluons la naissance d’un écrivain, un vrai. Jean-Pierre Luminet est astrophysicien. Directeur de recherches au très sérieux Centre Nationale de la Recherche Scientifique (CNRS) pour être précis, spécialiste de la cosmologie. Depuis son observatoire de Meudon, il scrute les espaces infinis et braque sa lorgnette sur le passé, glorieux mais méconnu, de l’aventure astronomique française.

    Le roman populaire

    Mais qu’est-ce qu’un roman populaire ?La question mérite d'être posée à l’heure où la critique ne tarit pas d’éloges sur le roman du Moi et les ouvrages générationnels à la va-comme-je-te-pousse autour du nombril de leurs auteurs. Un roman populaire est d’abord un livre capable de transporter ceux qui le lisent.

    Roman de gare ? Oui, bien sûr, puisqu’un roman populaire doit être suffisamment passionnant pour être ouvert partout, pour voyager en tous lieux, posséder son lecteur à tout moment de la journée. Littérature au rabais ?Non, au contraire. C’est grâce à Balzac, à Dumas ou à Féval que nous avons connu nos premiers émois de lecteurs : ce sont eux qui ont ouvert les portes du monde à des jeunes gens qui entendaient bien le déchiffrer. Jean-Pierre Luminet a retenu la leçon. Ces grands ancêtres sont ses modèles.

    Au sein du roman populaire, il est une tradition dont Jean-Pierre Luminet représente l’aboutissement : celle des auteurs qui font vœu d’instruire tout en divertissant. Il y a dans ce roman jubilatoire des chevauchées, des traversées, des complots et des duels, des intrigues de palais et des cours assidues, de belles marquises et des précieuses un rien ridicules…Mais tous ces personnages servent un but unique : nous apprendre ce que fut la formidable épopée de l’émergence de l’astronomie comme science.

    Encyclopédistes contre Académiciens

    Le siècle des Lumières fut, on le sait, celui des Encyclopédistes. L’histoire a glorifié les noms de Diderot, d’Alembert, Rousseau, Voltaire, mais qu’a-t-elle fait de Cassini, Clairaut, le Monnier, Delisle, Lalande ? De ces scientifiques de renom, précurseurs et adversaires dans l’élaboration d’une cosmologie qui ne soit pas fantaisiste, nous savons peu de choses. Jean-Pierre Luminet rend hommage à ses ancêtres en racontant l’une des plus étonnantes courses au trésor jamais imaginées.

    Nous sommes en 1761, à Paris. Trois jeunes gens se rencontrent autour de leur passion commune : l’astronomie. Lalande, le narrateur, est le plus jeune d’entre eux. Sous la houlette du grand Cassini, il ne tardera pas à devenir, avec ses amis Chappe d’Auteroche et le Gentil, l’un des piliers de l’Académie des Sciences.

    Lalande raconte, donc, au seuil de sa longue vie, ce que fut cette terrible course contre la montre pour être le premier au rendez-vous de Vénus. Le rendez-vous de Vénus ? Le phénomène ne se produit que deux fois par siècle. Il s’agit du passage, à huit ans d’intervalle, de Vénus sur le Soleil. L’enjeu est de taille puisqu’il permet de mesurer la taille de l’univers, rien que cela !

    Comme on l’imagine, nos trois mousquetaires représentent un nouvel espoir au sein d’une assemblée de savants déjà sclérosée et corsetée dans le credo scolastique. Lalande, Chappe et Le Gentil, libertins en diable, ont bien l’intention de bouleverser l’astronomie comme Diderot et Voltaire ont révolutionné la philosophie.

    D’une Vénus à l’autre

    Mais l’observation des étoiles n’a rien d’une préoccupation purement intellectuelle. Pour être au plus près de la vérité, chacun entreprend un voyage au bout du monde. Chappe quitte Paris pour la Sibérie, rencontrant la grande Catherine II. Le Gentil, plus fantasque encore, s’embarque pour l’Océan Indien. Lalande, lui reste à Paris, à l’Académie, fédérant les découvertes de ses deux amis.

    Amis ? Pas si sûr. Car une autre Vénus fait irruption dans la vie déjà mouvementée des trois savants. Reine Lepaute, mathématicienne surdouée, amie de Julie de Lespinasse, tient salon au Luxembourg et reçoit les hommages empressés des trois jeunes hommes.

    Jean-Pierre Luminet possède un souffle et une écriture qui font irrésistiblement penser à Alexandre Dumas.

     

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    Le Grand Livre du Mois

    Éric Frerejean, éditorial, octobre 1999.

    "Bientôt Vénus aimerait le Soleil. Elle allait ainsi à sa rencontre deux fois par siècle..." Vous lisez cette première phrase et vous voilà transporté. Vous êtes au siècle des Lumières, en 1761, avec trois jeunes savants qui toisent les astres, écoutent le silence éternel des espaces infinis et sont surtout prêts à mourir au bout du monde pour voir le Rendez-vous de Vénus. Cette histoire vraie d'une éclipse qui a agité les salons d’Europe sous Louis XV éclaire et irradie d'intelligence un exceptionnel premier roman dont je me permets de vous conseiller fortement la lecture. L'auteur est astrophysicien, français et sa thèse sur les fameux " trous noirs " a été traduite jusqu'en Chine. Il s'appelle Jean-Pierre Luminet et je vous promets que ce directeur de recherche au CNRS a un vrai talent de romancier. Il explique, il raconte, il fait vivre. Lumineux Luminet. Vous n'êtes pas près d'oublier son Rendez-vous.

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    Au rendez-vous de la planète roman

    Jean Orizet, Revue des deux Mondes, janvier 2000.

     

    Parmi les dizaines de premiers romans que nous propose chaque rentrée littéraire, la plupart sont sans intérêt, prétentieux et mal fagotés. Ceux-ci ne dépassent guère, en durée de vie, le temps d’une recension dans les suppléments littéraires de quelques grands quotidiens ; ce sont des livres mort-nés. Pour attristant que soit le phénomène - un livre, c'est tout de même du temps et de la sueur -, il n'en traduit pas moins les effets pervers de la dérive inflationniste qui affecte la littérature de création, ou de fiction, propre à l'édition contemporaine.

    De ces premiers romans, dix ou quinze tirent leur épingle du jeu pour des raisons variées, parfois complémentaires : stratégies de lancement orchestrées par l'éditeur, phénomène de bouche à oreille, comportement médiatique de l'auteur - ce qui signifie parfois provocation de plus en plus calculée - , inscription sur les listes de sélection des grands prix d'automne, engouement spontané ou téléguidé de certains ténors de la critique littéraire..., j'en passe !

    Le sort de ces romans-là se joue entre septembre et novembre, avec des fortunes diverses. Telle est la loi du genre dans le microcosme essentiellement parisien du moment. Celui-ci - je veux dire un roman dont on parle - atteindra vite 10.000 exemplaires quand l'éditeur n'en avait prévu que trois ; celui-là fera entre 20 et 100.000, parce que tel prix du livre Inter ou des lectrices de Elle l'aura distingué. Je mets à part les grands prix traditionnels, bien sûr.

    Et puis il y a les autres - 10 , 20, 30 livres - qu'on ignore ou presque. Peut-être un articulet de sympathie, ici ou là ; pas plus.

    Le label de l'éditeur n'est pas - a priori - en cause. Ces livres portent, le cas échéant, des griffes prestigieuses. Non, cela tient à une alchimie aussi mystérieuse qu'imprévisible : voyez, a contrario, le cas extraordinaire de la Petite Gorgée de bière, de Philippe Delerm, encore que nous ne soyons pas là dans le cadre du roman ; mais tout de même ! Le succès ininterrompu des " plaisirs minuscules " échappe pour partie à l'analyse. La question de savoir si de tels livres sont, ou non, dans "l'air du temps" n'est pas forcément la bonne et ne rend pas toujours compte du phénomène : cet air-là connaît force courants d'air.

    Le Moyen Age européen ou le Nouvel Empire égyptien sont devenus à la mode de la façon la plus imprévue. Demain, ce sera peut-être le Bas-Empire romain, les nabis ou l’espace. J'ai tenu à ce petit développement liminaire avant d'évoquer l'ouvrage que j'ai choisi pour cette chronique, parce que celui-ci relève de cette dernière catégorie. Il convenait donc, auparavant, de le situer dans son contexte. A peu près ignoré de la critique, ce livre est, à mes yeux, l'un des plus originaux premiers romans de cette saison, et pour plusieurs raisons. D'abord, la personnalité de son auteur. Jean-Pierre Luminet, s'il a déjà plusieurs ouvrages à son actif, ne fait pas profession d'écrivain mais d’astrophysicien. Sans doute, d'autres auteurs de romans sont-ils d'abord universitaires, énarques ou batteurs d'estrade, ce qui ne les empêche pas de se lancer dans les écritures quand l'envie les en prend. Mais un astrophysicien à l'observatoire de Meudon, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de réputation mondiale pour ses travaux de cosmologie, a peut-être mieux à faire - on serait incliné à le penser - que d'écrire un roman. Voire. Auteur d'un ouvrage de référence sur les trous noirs (publié au Seuil), auteur également de recueils de poèmes et d'une anthologie sur les poètes et l'espace (le Cherche Midi éditeur), Jean-Pierre Luminet a voulu prendre le risque de s'aventurer dans le roman, sans doute par un défi qu’il s'est lancé à lui-même, et aussi pour évoquer de manière ludique un domaine qui lui est cher. Je m'explique. Le Rendez-vous de Vénus a pour sujet l'Univers, et pour héros des membres de l'Académie des sciences qui, au siècle des Lumières, ont rendez-vous avec le passage de la planète Vénus devant le Soleil. Ainsi, Jean-Pierre Luminet choisit-il de rester dans son champ d'action familier, celui de l'observation du cosmos et du mouvement des astres. Là où il me surprend, c'est dans la manière qu'il a de traiter le sujet ; elle est d'un écrivain rompu aux techniques de la construction romanesque : personnages campés de façon magistrale, situations cocasses, parfois même rocambolesques, intelligence des dialogues, qualité des descriptions et ce qu'il faut de surprises, de suspens (cela s'écrivait ainsi au XVIIIe siècle), et d'aventures amoureuses pour tenir en haleine le lecteur. Le tout s'appuyant sur une vérité historique et scientifique dont les personnages, en toile de fond, se nomment Voltaire, Condorcet, d’Alembert, Diderot, Commerson, Fontenelle, Bougainville et Catherine de Russie. Je n’entrerai pas ici dans le détail du livre. Simplement, sachez que nous sommes en 1761 quand l'histoire commence. Le narrateur, Jérôme Lalande, est chargé d'organiser le " rendez-vous de Vénus ", c'est-à-dire l'observation, par ses amis astronomes, du passage de la planète devant le soleil. Grâce à cette observation, la mesure des dimensions de l'Univers sera facilitée. Pour observer le passage en question, des lieux sont meilleurs que d'autres (il en fut de même pour notre récente éclipse) : Sibérie, Mexique, océan Indien. D'où les pérégrinations aventureuses de ces savants, dans les conditions de voyage de l'époque par terre et par mer : berlines embourbées dans les chemins défoncés d’Europe centrale, frégates en proie aux tempêtes océanes et aux ennemis du moment, sans oublier les méfiances et l’incompréhension des petits potentats locaux. Une équipée digne de Jules Verne vous dis-je ! Roman picaresque à multiples rebondissements, le Rendez-vous de Vénus est aussi, comme l'affirme à juste titre - une fois n'est pas coutume - la quatrième de couverture, "une formidable méditation sur la science et histoire". Ajoutons que l'humour dont fait preuve l'auteur, son regard de poète aussi, confère à ce livre passionnant la touche supplémentaire sous l'effet de laquelle il doit être lu cum granosalis. Je n'en veux pour preuve que l'épilogue avec son histoire de fleur en pot rapportée par un des astronomes : une rose du Japon que les hasards de l'histoire transformeront en " hortensia ".

    " Bientôt, Vénus aimerait le Soleil" : telle est la première phrase du livre qui, tout bien pesé, n’est peut-être rien d'autre qu'une inhabituelle histoire d'amour.

     

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    Les mousquetaires de la science

    Michel Wagner, L'Est Républicain, 28 octobre 1999.

     

    L’astrophysicien Jean-Pierre Luminet fait revivre par le roman l'une des plus belles aventures de l'astronomie.

    Il s'appelle Lalande, Joseph-Jérôme Lefrançois de Lalande (1732 - 1807). On l'a surnommé le "Voltaire de l'astronomie". C'est le narrateur. Il raconte, il se raconte, dans ce roman historique, vivement mené, qui ressuscite l'une des aventures scientifiques les plus passionnantes : la mesure de l'Univers. Comment a été calculée la parallaxe du soleil et des planètes ? Ce fut le résultat d'une "folle épopée" qui a mis en ébullition l'Europe des Lumières. À huit ans d'intervalle, en cette deuxième moitié du XVIIIe siècle, Vénus est passée deux fois devant le soleil, en 1761 et en 1769, une double occasion de scruter les éclipses et de mettre à jour les tables de calcul de la cosmologie : "Pour la première fois, depuis le début de l'humanité, au même instant, disséminés partout dans le monde, des savants de toutes nations avaient observé le même phénomène céleste et s'étaient communiqués les résultats de leur travail", s'enthousiasme Lalande sous la plume de l'auteur, Jean-Pierre Luminet.

    "Le roman", explique ce dernier, "est un moyen d'expression merveilleux, même pour parler du ciel. Il permet de faire passer auprès du public quelques grandes idées de l'histoire des sciences". Astrophysicien de 48 ans, directeur de recherche au CNRS, Jean-Pierre Luminet est un spécialiste mondial des trous noirs. L’ouvrages qu'il a consacré à la question a été traduit en plusieurs langues dont le chinois. Et c'est un poète dont les vers ont été mis en musique.

    Reine calculatrice surdouée

    Avec "Le Rendez-vous de Vénus", sa première œuvre de fiction, joli coup d’essai, il ne cache pas qu'il s'est mis sous l'ombre tutélaire d'un modèle illustre, Alexandre Dumas a qui il a emprunté la méthode : instruire tout en divertissant. Aussi met-il en scène, outre Lalande, deux autres mousquetaires, Chappe et Le Gentil, qu’il réunit grâce à une intrigue sentimentale. À l’étoile du Berger, il a imaginé une correspondante terrestre, une Vénus parisienne, Reine, calculatrice surdouée que les trois hommes se disputent. La recherche de la gloire s'accompagne d'une quête de l'amour : "à l'époque, les savants conversaient avec les philosophes, Diderot, Montesquieu , Voltaire. Aujourd'hui, ça ne va pas bien loin..."

    Jean-Pierre Luminet, dans son observatoire, s'intéresse à la forme de l'espace. Il tente de prouver une hypothèse : l'Univers serait "chiffonné", c'est-à-dire replié plusieurs fois sur lui-même : "là où l'on voit 10.000 galaxies, il n’y en aurait que 1000", dit-il. Une "intuition" qu'il doit encore valider. Mais il ne désespère pas : "le chemin est plus important que le but".

     

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    Instruire en divertissant

    Nathalie Bucsek, Ciel et Espace, septembre 1999

     

    Qu’ils sont insouciants et fougueux, les trois étudiants qui dévalent la rue Saint-Jacques en ce mois de décembre 1749. Leur ardeur sied mal à cet habit que les deux aînés portent, et que le benjamin a été très près d’endosser, mais ils s’en moquent, eux qui n’ont choisi les ordres que pour mieux adorer un seul dieu : Newton. Ils n’ont qu’une nation – la république des sciences – et qu’un but : porter le flambeau de l’astronomie jusqu’au faîte du monde, plus haut que la philosophie et la médecine réunies. Le siècle s’y prête, c’est celui des Lumières, où l’esprit ouvre grand les portes des salons. Mais même un illustre encyclopédiste comme Diderot semble peu empressé aux calculs lorsqu’il s’agit d’orbites… Et si tous trois se hâtent aujourd’hui, c’est pour rejoindre le "vieux" Clairaut, 35 ans révolus, leur maître à tous, et trouver enfin le moyen de faire triompher la mécanique de Mr Newton. Newton dont "le Baptiste", Halley, a prédit, mais avec quelque erreur, le retour d’une certaine comète pour 1758… Et plus loin encore, deux rendez-vous que la planète Vénus ne devrait pas manquer d’honorer avec le Soleil…

    Aucun des trois n’imagine encore que c’est une autre Vénus, toute terrestre celle-là – Reine Lepaute, la "belle calculatrice" – qui tissera (défera ?) les fils de leur destinée. Au benjamin, Jérôme-Joseph Lalande, "chaussé de ces semelles de plomb que sont l’appétit insatiable de pouvoir et le giron trop douillet d’une amante", reviendront les honneurs et la gloire, l’Académie et l’observatoire, ainsi que la lourde charge de relater cette histoire : "Étrange voyage dans la mémoire qu’il me prend envie d’entreprendre là, dans le sillage de mes amis perdus. Les bagages sont inutiles. De l’encre, du papier et une plume suffisent." Aux deux aînés – Guillaume Le Gentil de la Galaisière et Jean-Baptiste Chappe d’Auteroche – le frisson de la découverte, l’aventure ou l’errance, l’échec et l’oubli, peut-être…

    Instruire en divertissant "

    Interview de Jean-Pierre Luminet par Nathalie Bucsek (Ciel et Espace)

    Avec Le rendez-vous de Vénus, son premier roman, Jean-Pierre Luminet, astrophysicien et directeur de recherches au CNRS, signe une fresque furieusement battue par les vents – celui de l’histoire et celui du large – à une époque charnière pour l’astronomie. Questions.

    On ne vous attendait pas sur le terrain de l’astronomie du XVIIIe siècle. Le siècle des Lumières, pour un spécialiste des trous noirs…

    C'est justement au XVIIIe siècle qu'ont été imaginés les trous noirs, par l'anglais Mitchell et le français Laplace, tous deux contemporains de Lalande, mais ce n'est évidemment pas pour cette raison que j'ai choisi de conter ces aventures astronomiques du XVIIIe siècle autour du passage de Vénus! Cela démontre au moins combien l'astronomie de cette époque fut florissante et riche en idées nouvelles. Ce fut le siècle du triomphe de la théorie de l'attraction universelle de Newton, le siècle d'une mécanique céleste parfaitement mathématisée, capable de prévoir le retour de la comète de Halley ou les anomalies de l'orbite lunaire, le siècle aussi où l'on découvrit au télescope la première planète invisible à l'œil nu - Uranus- et celui où fut dressé le premier catalogue de nébuleuses... Et puis, sur un plan culturel plus général, ce fut le siècle des salons d'intellectuels éclairés où l'on pouvait entendre Voltaire, Diderot, d'Alembert et autres philosophes des lumières disserter avec aisance de science, de société, de mœurs ou de politique. Vous imaginez nos "philosophes" d'aujourd'hui discuter avec pertinence du big bang ou de la supraconductivité ? Nos "bars de sciences" et autres "cafés philosophiques" tant à la mode ne sont qu'un pâle reflet de l'engouement que l'intelligentsia du XVIIIe siècle avait pour les affaires célestes, avant que ne s'instaure le clivage désastreux du XIXe siècle entre scientifiques et littéraires.

    C’est un roman mais profondément ancré dans la réalité historique et astronomique de l’époque. Quelles libertés le romancier s’est-il permises ?

    Je ne dévoilerai pas ici les "ficelles" du travail de romancier. Ce que je puis dire, c'est que tous les personnages sont réels, à de rares exceptions près pour quelques comparses, que les dates, faits, gestes et aventures qui leur arrivent sont authentiques. En ayant lu les écrits laissés par Lalande, Chappe, Le Gentil, Pingré et d'autres, je me suis efforcé de retrouver le style et le caractère de chacun. La part romanesque se trouve bien entendu dans les dialogues, et dans les relations sentimentales. Je me souviens que dans la phase préparatoire du roman - qui a duré plusieurs années - j'avais fait un grand tableau synoptique mettant en parallèle les éléments biographiques réels des personnages principaux : Lalande, Chappe, Le Gentil, Reine Lepaute, Clairaut, etc. Je me suis plu ensuite à imaginer les rapports d'amitié, d'amour ou de rivalité qui auraient pu se tisser entre eux sans trop d’invraisemblance. Le reste - choix du narrateur, "flash-back", découpage en scènes se déroulant simultanément en différents points de la planète, etc, relève de la pure technique romanesque.

    Mon modèle est Alexandre Dumas. Dan ses Mémoires, il explique que son projet littéraire est de romancer l'histoire de France afin d' "instruire en divertissant". Le même travail reste à faire en ce qui concerne la fabuleuse histoire de sciences.

    Lalande, le voyageur par procuration, est le narrateur de l’histoire. Et de fait, tout commence comme des Mémoires. Pourtant, Le Gentil prend au fil des pages – au fil des ans – de plus en plus de place…

    A vrai dire, c'est l'histoire de Le Gentil qui est à l'origine du roman, dont je porte le projet depuis dix ans. Mais à mesure que je me suis documenté, j'ai découvert à la bibliothèque historique de l'observatoire de Paris le dramatique compte-rendu de l'expédition de Chappe en Californie, son savoureux et "politically incorrect" voyage en Sibérie, sans oublier les truculents rapports de Pingré, que j'ai dû malheureusement sacrifier tant la matière était riche. J'ai en tous cas compris qu'il était plus intéressant de brosser un panorama plus large sur ces expéditions de Vénus, en mettant en avant les rivalités entre académies européennes, les enjeux politiques et économiques, la mondialisation naissante de la science, etc. Sur le plan des personnages, Chappe est sans doute le plus intègre, Le Gentil le plus émouvant dans ses échecs et ses entêtements, Lalande le plus moderne dans ses relations avec le pouvoir et avec les médias.

    Mais le personnage le plus attachant n'est-il pas cette Reine Lepaute, qui dut être un bien singulier génie pour laisser une telle empreinte dans l'histoire de l'astronomie, malgré sa condition de femme ?

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    Un Roman des Lumières

    Hélène Guillemot, Science & Vie, avril 2000.

     

    De l'aventure, de l'amour, de l'exotisme... Et de l'astronomie ! Contrairement à d'autres ouvrages à succès récent, le livre de l'astrophysicien Jean-Pierre Luminet n'est pas un prétexte à vulgariser l’astronomie, mais un véritable roman. La première grande aventure scientifique internationale est racontée par un de ses principaux acteurs, le brillant et ambitieux Jérôme Lalande, jeune académicien auquel Luminet prête sa plume. En 1761 et en 1769 , Vénus est passée entre le Soleil et la Terre, et les astronomes en ont profité pour observer ces conjonctions depuis différents lieux du Globe, afin de calculer les dimensions du système solaire. Lalande orchestre l’expédition depuis Paris, où il mène force intrigues politico-scientifiques et noircit des pages de calcul en compagnie de la belle mathématicienne Reine Lepaute. Pendant ce temps, ses deux amis, collègues et néanmoins rivaux en amour, l'abbé Chappe et Le Gentil, partent surprendre les rendez-vous de Vénus et du Soleil à Pondichery, à Madagascar ou au Mexique. Profitant des escales pour cartographier les contrées nouvelles, cueillir des plantes inconnues et observer les indigènes.

    Si tous les personnages sont véridiques, et les circonstances historiques, exactes, le roman ne s’encombre pas de détails scientifiques ni de longues descriptions. La vivacité du récit, les dialogues efficaces, les situations esquissées en quelques traits évoquent le style sec et brillant des romans du XVIIIe siècle - avec les mots du XXe. On parcourt le monde toutes voiles dehors avec les savants-aventuriers, on hante les salons parisiens de cette époque fascinante où les intellectuels s'appellent Voltaire, Rousseau, Diderot, et où les vedettes féminines sont physiciennes, philosophes ou impératrices.

    Aucune idéalisation, pourtant, des fameuses " Lumières " : le narrateur dépeint avec une lucide ironie les petitesses des grands savants, l'ambition et la jalousie, les luttes féroces entre Encyclopédie et Académie des sciences, la Cour à Versailles, les intrigues pour financer les expéditions ; mais aussi la passion des étoiles et de la science, qui dépasse ces mesquineries. Pour ce qui aime le romanesque, le XVIIIe siècle et les savants.

     

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    De quoi faire un roman...

    Jacques Olivier Baruch, La Recherche, novembre 1999.

     

    Que fait la fine fleur des astronomes français du XVIIIe siècle aux quatre coins de la planète ? C'est une longue histoire. De quoi faire un roman...

    Jean-Pierre Luminet, astrophysicien spécialiste des trous noirs, musicien, poète, scénariste d’émissions scientifiques et concepteur d'expositions, s’essaye à la prose, dans le genre du roman scientifique. Et cela lui va bien. Le Rendez-vous de Vénus est l'histoire de ces astronomes français de la seconde moitié du XVIIIe siècle, encore sous le choc des avancées des deux savants anglais Newton et Halley sur la gravitation. A eux de jalonner d'un trait de lumière et de créativité l’âpre chemin de la connaissance....

    Lalande comme Clairaut, Chappe (l'oncle du futur inventeur du télégraphe), Le Gentil de la Galaisière et "la belle calculatrice" Reine Lepaute font d'abord équipe en travaillant sur une comète..., celle là même dont Halley avait prédit le retour pour mi-1758. En élaborant sa théorie des perturbations, Clairaut conclut que Halley s'était trompé et que la comète ne se manifesterait qu’environ 200 jours plus tard. Six mois de calcul acharné et de discussions dans les salons avec les encyclopédistes sont nécessaires pour prédire une arrivée au périhélie en avril 1759. La confirmation surgit avec l'apparition de la comète dans le ciel parisien en janvier 1759. La grande histoire ne retient que Halley et sa prédiction ; elle oublia Clairaut et ses acolytes. Ces derniers délaissent très vite les astres chevelus pour s'intéresser à un travail d'une toute autre ampleur : l'envoi, autour du Globe, d’observateurs du passage de Vénus devant le Soleil. On voit alors Jean-Baptiste Chappe d’Auteroche sur les routes de Sibérie ou en Basse-Californie mexicaine, Alexandre Guy Pingré dans l'océan Indien et, errant pendant onze ans dans les mers du Sud entre les côtes Indiennes, les Philippines et l'île Bourbon, le malchanceux de Guillaume Le Gentil de la Galaisière. Jérôme-Joseph Lalande, lui , reste à Paris à la tête du Collège Royal (qui sera rebaptisé Collège de France en 1870) pour centraliser les données reçues du monde entier... Et pour ne pas s'éloigner de "la belle calculatrice"...

    Jean-Pierre Luminet tient la plume de son héros, Lalande le narrateur. Et s’il a créé quelques personnages secondaires, l'auteur est resté fidèle au récit de ces savants qui l'a consultés à la bibliothèque de l'Observatoire de Paris. Dans ces ouvrages publiés au siècle des Lumières se trouvaient déjà les ingrédients indispensables à la rédaction d’un bon roman : aventures, connivences ou inimitiés, amours et guerre de pouvoirs. Volontairement léger sur la méthode et les résultats, l'écrivain-astrophysicien tient son pari avec une pincée d’inventivité et un style alerte : nous passionner pour une entreprise scientifique hors des chemins balisés.

     

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    Les lumières braquées sur Vénus

    Irène Bérélowitch, Eurêka, septembre 1999

     

    Un joyeux roman historique, signé de Jean-Pierre Luminet, astrophysicien, où le soleil, au siècle des Lumières, a rendez-vous avec Vénus.

    C'est l'histoire d'un vieil homme qui se souvient de sa jeunesse, dans le Paris mirifique des encyclopédistes et du libertinage, où l'amour de la science et la foi dans l'humanité se mêlent joyeusement dans les salons, les cabarets et les amphithéâtres. L'astrophysicien Jean-Pierre Luminet s’est manifestement fait plaisir - et à nous aussi, du même coup - pour donner vie, gloire et amour à son héros, Jérôme Joseph Lalande, fils d’un maître de poste provincial et brillant astronome, dans le sillage de Newton et Halley. Pour l'entourer des grands du siècle, comme Diderot, d'Alembert, Julie de Lespinasse ou Cassini. Et le doter, aussi, de deux amis pas tout à fait sortis de son imagination, puisqu'il s'agit de l'abbé Chappe, et de son compère Le Gentil, qui s'en iront au bout du monde - l'un en Sibérie, l'autre vers les Indes - pour tenter de mesurer, grâce à la rencontre de Vénus et de l'astre solaire, la dimension de l'Univers. Pas moins. Mais c'est Jérôme Joseph Lalande, resté à Paris pour synthétiser les calculs recueillis en divers points du globe par cette "première expédition scientifique internationale", qui sera au rendez-vous de Vénus, puisqu'il gagne le cœur de Reine Lepaute, muse incontestée de l'observatoire, et idole des astronomes.

    Bien sûr, on découvre aussi, par le destin des trois amis, la fièvre de comprendre qui anima les Lumières, la façon dont l’astronomie, en France - car au pays de Newton, elle n'est déjà science reine - conquiert ses lettres de noblesse. L'auteur, qui a su communiquer à son héros sa passion des étoiles, signe un vrai roman, documenté, alerte, jubilatoire.

     

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    La vie des scientifiques est digne d'un roman

    Ciné Télé Revue, Belgique, 30 décembre 1999

     

    Astrophysicien, Jean-Pierre Luminet avait connu un beau succès international avec son livre Les trous noirs. Son nouveau roman, Le rendez-vous de Vénus (éditions JC Lattès), vaut aussi le détour. Le chercheur, à travers l'histoire véridique de trois jeunes mousquetaires de l'Académie des sciences, prêts à tout pour être les premiers au " rendez-vous de Vénus ", à savoir la rencontre du soleil avec la planète.

    - Votre métier d'astronomes vous a-t-il tout naturellement amené à vous intéresser à ce fameux " rendez-vous de Vénus " ?

    - Il m'a en tout cas amené à m'intéresser à l'histoire de ma discipline et celle des grands hommes qui l'ont faite. J'ai toujours pensé que la vie des scientifiques célèbres était source d'aventures dignes d'être racontées dans des romans. Un jour, j'ai lu une anecdote sur une fleur rapportée par l'astronome Le Gentil, et elle m'a servi de point de départ à ce livre. J'ai ensuite voulu aller plus loin et j'ai consulté les récits de voyage des savants dont je relate les destinées : le périple de Chappe, qui court de la Sibérie au Mexique, et les pérégrinations de Le Gentil, qui se perd dans l'océan Indien.

    - Avez-vous également essayé de vous imprégner du langage de l'époque ?

    - Je me suis plu à imiter un peu le style d'Alexandre Dumas. Ayant choisi l'un de mes protagonistes, l’astronome Lalande, comme narrateur, je me suis imprégné de ses propres écrits, d'autant plus intéressants qu'il fut l'un des premiers à ouvrir la porte à la vulgarisation scientifique.

    - Pourquoi avoir choisi d'entrer dans la peau de Lalande ?

    - Il ne faut pas y voir une identification ou une affection particulière. J'avais à ma disposition tout l'ensemble des expéditions reliées par une unité de temps (entre 1761 et 1769), mais pas du tout de lieu, dans le sens où elles se déroulaient en même temps à Madagascar, en Sibérie, au Mexique, à Londres et à Berlin. Le seul moyen de reconquérir une sorte d'unité d'espace était d'avoir un narrateur unique : celui qui n'était pas parti. Lalande voyage dans sa mémoire pour nous faire participer aux aventures de ses amis disparus depuis longtemps.

    - En tant qu’astronome, cette période vous fait-elle rêver ?

    - Pas particulièrement. Disons plutôt qu'elle représente une période importante dans la naissance de l'organisation de la science, une époque où régnait une sorte de pluridisciplinarité aussi. De grands écrivains et philosophes comme Diderot et Voltaire discutaient presque d’égal à égal de problèmes fondamentaux d’astronomie et de mathématiques, ce qui s'est complètement perdu aujourd'hui. Je trouve que, de nos jours, les domaines du savoir sont beaucoup trop cloisonnés.

    - Vous décrivez des rivalités entre les savants. Sont-elles toujours aussi présentes de nos jours ?

    - On retrouve effectivement une soif d'être le premier à faire une découverte importante, ce qui va rester. Cela peut prendre un aspect de compétition sportive, mais se fait aussi parfois - et heureusement - dans un esprit de collaboration et d'amitié. Je me suis également plu à brosser dans ce roman quelque chose que le public a tendance à oublier, à savoir que les scientifiques et les savants sont des hommes comme les autres, animés non seulement de passions intellectuelles, mais aussi charnelles.

     

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    Forces d'attractions célestes et sentimentales

    Interview par Sophie Creuz, L’Écho (Belgique), 7 décembre 1999.

     

    Astrophysicien et écrivain, Jean-Pierre Luminet retrace l'aventure astronomique du siècle des Lumières sur fond de guerre et de passions amoureuses.

    "Je ne doute pas que des astronomes des temps futurs affineront nos méthodes ou même trouveront des moyens plus ingénieux pour mesurer l'Univers avec la plus parfaite précision." L'homme qui dit cela est Joseph Jérôme le François de Lalande, astronome français du XVIIIe siècle qui améliora les tables de Halley et répertoria les positions de 50 000 étoiles. Mais si Jean-Pierre Luminet, autre cosmologue célèbre, le choisit comme narrateur de son roman, c'est parce que Lalande participa avec d'autres collègues à de formidables aventures scientifiques dans l'esprit des Lumières. En 1761 en particulier, tout jeune homme, il intègre l’Académie des sciences et avec quelque collègues se passionne pour les techniques nouvelles et les récents calculs permettant de mesurer plus exactement la distance du soleil. Parmi ses confrères, il y a une consœur, mathématicienne hors pair, Reine Lepaute. Elle est de dix ans son aînée mais fait tourner les têtes à Le Gentil, Lalande et même Chappe. Tous ont réellement existé, tous ont probablement été sous le charme des étonnantes dispositions scientifiques de la dame. Il n'en faut guère davantage pour que Jean-Pierre Luminet prenne la liberté d'imaginer que les problèmes sur lesquels ces messieurs-dames se penchent, en particulier l’attraction de la Lune par le Soleil et par la Terre, ainsi que le passage de Vénus devant le Soleil, ne pose pas que des problèmes d'équations. La résolution de ce rendez-vous cosmique bouleverse également leur vie privée, puisque les trois jeunes hommes vérifient, si l'on ose dire sur le motif, sur le mont de Vénus, la résolution de l'attraction des trois corps... Mais pour l'heure, ils sont requis par l'urgence de monter une expédition qui les enverra aux quatre coins du globe mesurer la parallaxe du soleil. Et il leur faut être prêt pour le passage de Vénus. En comparant leurs mesures, ils obtiendront les dimensions de l'Univers. Chappe s'embarque pour la Sibérie, Le Gentil tente de gagner Pondichéry tandis que Lalande demeure à Paris pour collecter les informations. Guerres, tempêtes, capitaines de vaisseau caractériels, froids diplomatiques et malencontreux nuages mettront à mal ce défi. Certains périront, d'autres y laisseront des plumes et des lauriers qui en revanche garniront d'autres tempes dégarnies...

    Le rendez-vous de Vénus nous plonge dans un délicieux roman d'aventures en forme de réflexion sur la science. Intrépides, érudits, intègres mais habiles négociateurs, carriéristes, ces scientifiques-là sont avant tout humanistes. Amis fidèles ou critiques de d’Alembert, de Diderot, admirateurs de Catherine de Russie, anti-esclavagistes (avec quelques accommodements...), ces astronomes portent les uns la défroque des prêtres sans vocation, les autres les attributs des francs-maçons. Mais tous sont universalistes, en contact avec d'autres cultures et ont conscience d’œuvrer au progrès de l'humanité.

    Au fil des pages nous découvrons à la fois les avancées techniques et théoriques de l'astronomie mais aussi les progrès des idées de l'Europe de cette fin de XVIIIe siècle, ce qui, en cette fin de XXe, n'est pas inintéressant. Sachez que le prochain passage de Vénus devant le Soleil aura lieu le 8 juin 2004, cela vous laisse le temps de monter une expédition.

    Ingrédients et destin de l'Univers

    Lauréat du prix scientifique Georges Lemaître de l'UCL, Jean-Pierre Luminet cumule une brillante carrière scientifique et un travail de vulgarisation, de poète et de plasticien.

    Les astronomes du Rendez-vous de Vénus dispersés aux quatre coins du globe pour mesurer la distance du soleil, font-ils de la relativité avant l'heure en percevant le temps par des observations différentes ?

    Ah, oui ? C'est intéressant, en tout cas ils pratiquent la relativité du point de vue.

    Dans leur aventure scientifique, ils sont confrontés aux guerres, aux intempéries, à un environnement aléatoire. Doit-on prendre cela sur le plan symbolique ? Au chaos de l'Univers répond le chaos de la vie ?

    On peut mais toujours est-il qu’à cette époque monter une expédition scientifique était un véritable défi, il fallait traverser les océans, prendre des risques inouïs. Et arrivé on restait à la merci d'un nuage qui vous empêchait de voir l’éclipse...

    Le siècle des Lumières proclame que le progrès ne pourra venir que de la raison. Il s'oppose là aux superstitions et aux dogmes. Qu'en est-il aujourd'hui ? L'intuition n’est-elle pas aussi une vertu scientifique ?

    C'est fondamental, il n'y a pas d'approfondissement de la connaissance sans intuition, Einstein nous a rappelé que l’imagination était aussi importante que la raison. Les Lumières pensaient que seule la raison conduirait à trouver la clef de l'univers, mais cela a conduit la science à une impasse philosophique car du coup elle s'est séparée des arts, de la culture, et c'est contre ce clivage que j’essaie de lutter. Ma poésie parle de l'amour, la mort, de sujets auxquels la science ne peut répondre.

    N'est-il pas fascinant de voir que les mythologies de la genèse ont intuitivement compris ce qu’astrophysiciens et paléontologues ont constaté par la suite ?

    À toutes les époques, les peuples ont développé des légendes autour des questions fondamentales, d'où venons-nous, qui sommes-nous ? Mais nos théories scientifiques sont elles aussi produites par le cerveau, même les plus ardues relativement adéquates pour décrire le monde. On peut être surpris de trouver déjà dans les textes Véda le modèle de l'univers en expansion-contraction ou chez Héraclite qui parlait d'une grande pulsation avec un feu qui s'allume et s'éteint en mesure. Ils avaient eu l'intuition du big bang. Ceci dit, on oublie toutes les autres légendes qui disent tout à fait autre chose.

    Le macrocosme peut-il nous renseigner sur le microcosme ? Du hasard qui a présidé à la naissance du big bang, peut-on tirer des lois sur le hasard créatif qui gouverne nos vies ?

    La rencontre des particules obéit à une probabilité pour qu'en présence de tels éléments tel événement surgisse. Dans les rapports humains on ne peut hélas pas calculer les rencontres d'une existence ! Cela dit, le rapport entre macrocosme et microcosme est une question qui intéresse les philosophes depuis les Grecs. A la Renaissance, certains médecins ont relié les organes à des étoiles par des théories médico-astronomiques qui ont fait quelques morts… Aujourd'hui nous savons que nous sommes le résultat de 15 milliards d'années d’évolution cosmique et que nous sommes les enfants des étoiles. Y a-t-il là-dessous une signification philosophique profonde ? Certains veulent croire.

    Y a-t-il un intérêt à rechercher si une loi unique gouverne tous les processus physiques ?

    Il y a un intérêt majeur à chercher mais pas nécessairement une loi unique, cela c'est un vœu idéaliste. Les physiciens ont toujours pensé qu'il y avait une unité sous-jacente dans la nature, qui autrement serait un chaos indescriptible. On est sur la piste, certaines de ces théories sur l'unification débouchent sur des perspectives fascinantes dans lesquelles l'espace a des dimensions supplémentaires et les particules élémentaires ne sont plus de petites billes mais des cordes vibrantes. Il y aurait un substrat universel encore plus fondamental que le temps et l’espace, c'est le vide quantique. Une sorte de mer bouillonnante d'énergie qui fluctue en permanence et produit une écume de l'espace-temps. Les particules élémentaires seraient l’écume du vide quantique. On touche là à des domaines qui s’ouvrent à la fois sur la physique, la philosophie, l'imaginaire, une interdisciplinarité essentielle à mes yeux, à condition de ne pas faire d'amalgame.

     

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    Cahiers Clairaut

    Olivier Courcelle

    Jean-Pierre Luminet, Le rendez-vous de Vénus, Lattès, 1999.

    L'arrière-fond de ce roman est constitué par le retour de la comète de Halley (1759) et surtout par les expéditions relatives à la conjonction de Vénus et du Soleil de juin 1761. A ce substrat historique, l'auteur ajoute un matériel élaboré à travers la projection de certaines caractéristiques du ballet des astres sur la société des hommes. Le lecteur pourra ainsi prendre connaissance du problème des trois corps éclairé par la lumière de Vénus. Aussi cliniquement exprimée, la narration de l'auteur, littéralement tombée du ciel, pourrait choquer par son caractère artificiel. Elle trouve en fait sa source historique dans l'affection bien connue de Lalande pour la calculatrice Lepaute, et sa source philosophique dans la conjonction de l'amour et de l'ambition au service de la science, le thème véritable du roman.

    Ces généralités étant introduites, je vais tout bonnement avouer ce qui m'a le plus enthousiasmé : c'est la première fois que je vois apparaître explicitement Clairaut, ci-devant nommé "Mon Idole", dans une œuvre de fiction.

    Son portrait est basé sur celui des mémoires non académiques du temps. On ne s'étonnera donc pas que Mon Idole soit alcooliquement fort imprégné quand Lalande, ci-devant nommé "Son Héros", se rend dans un bouge pour faire sa connaissance lors d'une scène assez pittoresque.

    J'ai une petite précision à apporter au sujet de cette grande rencontre. Il reste une trace de sa réalité. Cela relève du miracle car, si Son Héros a beaucoup écrit, ses journaux intimes ont presque tous disparus. Par bonheur, il fait état de cette première conjonction dans l'infime fraction qui est parvenue jusqu'à nous. Elle ne se situe pas en 1748 mais en juin 1751. Son Héros, humble étudiant, vient tout classiquement demander à Mon Idole, qui n'est très certainement pas spirituellement dans l'au-delà, une lettre de recommandation pour son voyage à Berlin. Voici le diamant en exclusivité mondiale (Bibliothèque nationale, Ms fr. 12275, f. 445r) :

    Le 20 au matin M. Le Monnier est venu me chercher, j'ai pris du caffé chés son pere, il m'a donné son livre d'observations. J'ai été ensuite voir M. Clairaut pour la 1e. fois. Il m'a promis des lettres pour M. Euler, quand je partirai.

     

    Le roman est rédigé avec une visible affection pour Son Héros. Je vois bien que lors du passage de la comète, Mon Idole, qui avait élaboré la difficile théorie nécessaire à la plus exacte précision de son retour, devait être expédié à Berlin pour ne pas faire de l'ombre à celui qui ne fut, au fond, qu'un modeste assistant calculateur. Mais Clairaut était à Paris même s'il fut, ce qui pourra paraître cocasse, l'un des derniers à voir la comète en raison de sa forte myopie (il développera peu après une théorie des lunettes astronomiques).

    L'auteur imagine aussi que Julie de Lespinasse, la célèbre amie de d'Alembert, fut la maîtresse de Clairaut. Cette hypothèse est ingénieuse car cette rivalité amoureuse s'inscrit logiquement dans les terribles polémiques qui opposèrent Clairaut et d'Alembert. Néanmoins tout porte à croire que la seconde calculatrice évoquée par l'auteur fut la "gouvernante" de Clairaut à laquelle il est fait allusion un peu plus loin. Cette demoiselle a d'ailleurs eu une vie digne d'un roman si l'on en croit certains témoignages.

    Il ne faut évidemment pas s'offusquer des libertés que le lecteur attentif pourra trouver dans ce livre puisque l'invention est le propre du genre romanesque. Le roman scientifique étant assez peu pratiqué dans le pays qui fut pourtant celui de Jules Verne, le roman historico-scientifique l'étant encore moins, il faut espérer que celui de J.-P. Luminet soit le signe de la prochaine tendance littéraire, celle qui est attendue depuis des siècles, la seule qui vaille la peine, celle du roman clairaldo-historico-scientifique.

     

     

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